jeudi 9 juillet 2009

PARLER ET PENSER : HOMMAGE A NUMA ROUMESTAN

Le gouvernement piloté par le Président de la République a décidé de lancer au début 2010 un grand emprunt pour favoriser la reprise économique. En elle-même cette idée ne serait pas vraiment mauvaise si les pouvoirs publics se décidaient enfin à mettre un terme au déficit chronique des comptes publics pour honorer de simples dépenses de fonctionnement. L' Amérique de Barack Obama mettant en oeuvre les principes keynésiens classiques a déjà eu recours aux finances publiques pour stimuler une économie stagnante.
Le problème en France, c'est que nos dirigeants ont décidé de recourir à l'emprunt sans avoir au préalable défini les projets à financer. Qu'à cela ne tienne. Deux anciens Premiers ministres sont appelés à la rescousse pour les définir. Personne ne conteste les qualités éminentes et les compétences économiques de ces deux personnalités qui eurent en charge le gouvernement de la France à une époque où le poste de Premier ministre avait une consistance réelle. Mais la méthode est singulière. Ne revenait-il pas au gouvernement qui dispose d'une des meilleures administration du monde de définir lui-même les priorités et d'élaborer les projets ?
Il est devenu pratique courante dans les entreprises d'externaliser des tâches et l'externalisation est souvent accompagnée de délocalisation. Notre gouvernement fait plus fort. Il renonce à piloter le navire. Nous sommes depuis longtemps habitués au bavardage installé au plus haut niveau de l'État. Des mots sans fin qui ne mènent à rien mais qui plongent le pays dans un grand vide sonore. Numa Roumestan politicien des débuts de la 3e République se plaisait à répéter « Quand je ne parle pas, j'arrête de penser ». N'ayant plus rien à dire sur une crise qui les dépasse, nos responsables nationaux se sont déchargés sur d'autres du fardeau de la pensée. Ils ne pouvaient rendre plus bel hommage à leur lointain devancier, Numa Roumestan.

Alain Bournazel

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