lundi 8 février 2010

~ CLEARSTREAM ACTE II ~

La faute

L’affaire Clearstream est médiocre. Les basses manipulations qui l’ont fait naître ne retiendraient guère l’attention, n’eût été la qualité des deux principaux protagonistes : un ancien Premier ministre et l’actuel Président de la République, lui-même.
Faut-il dès lors s’étonner que la problématique judicaire s’estompe derrière la dimension politique. Dès le départ, l’affaire est biaisée par le fait que le parquet est dépendant d’une des parties, à savoir, le Président de la République. Le procureur Jean-Paul Marin proclame qu’il n’a pas de stratégie concertée avec l’Elysée. Qui le croit ? Sa position même, est en confit d’intérêts avec son indépendance. Et les décisions du parquet à tous les stades de la procédure rejoignent les intérêts de Nicolas Sarkozy. Libre à chacun de n’y voir qu’une coïncidence. Mais la publicité médiatique que le procureur donne à sa décision d’appel ne semble pas de nature à porter témoignage de son indépendance.
La ministre garde des Sceaux affirme que le procureur n’a eu ni instruction ni incitation de quelque nature que ce soit pour prendre sa décision. Qui la croit ? L’intervention politique de Mme Alliot-Marie renforce la dimension politique de l’affaire. Dans cet affrontement trouble, il convient de saluer l’indépendance des magistrats du siège qui ont jugé en leur âme et conscience et rendu leur jugement sans que celui-ci fût, préalablement à son énoncé, connu par une fuite.
Un nouveau tribunal, avec un nouveau parquet et de nouveaux juges interviendront en appel. Nicolas Sarkozy ne sera plus partie civile. Mais le parquet restera sous la dépendance du pouvoir exécutif. A un an de l’élection présidentielle, l’ arrêt de la cour d’appel prendra nécessairement une connotation politique. Cette confusion des genres est détestable. Pour que l’affaire Clearstream fût jugée sous l’angle strictement juridique, il eût fallu la reporter au-delà du mandat de Nicolas Sarkozy. Qui aurait eu à se plaindre de ce report ?

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